Le "Rat Rider"
Le Rat Rider, comme certains ne le savent pas, chevauche une épave japonaise surgie d’un passé que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, entièrement peinte avec amour en noir mat du sol au plafond, le crépi de façade étant trop cher au kilo.
Méticuleux, il pare sa monture de moulte fils de fer, pattes de rat ou de chèvre en décomposition, casque à pointe, drapeau sudiste, cornes de bouc, viscères d’iguanes. Comme il est d’usage de déposer une gerbe aux pieds des monuments les plus hideux, le perfectionniste vomis méticuleusement sur le réservoir et la selle et urine violemment sur le reste, afin de parachever d’un subtil additif olfactif, l’œuvre apocalyptique d’un cerveau définitivement bloqué au stade anal.
N’allez pourtant pas croire que le Rat Rider ne soit pas intelligent. Il l’est très. Si. Comme le rat. En effet, réussir, avec un reste d’étron oriental arraché de justesse au légitime châtiment de la benne à ordure, à s’immiscer au sein d'une communauté paradant sur des engins d’outre atlantique rutilants, chromés, dorés, astiqués dont le prix d’achat et les accessoires donnerait une idée du PIB de l’Éthiopie et du Burkina-Fasso réunis, et qui voue une haine farouche à tout ce qui est asiatique, défaite au Vietnam oblige,(« c’était pas not’ guerre, mon Colonel », « pour survivre à la guerre il faut dev’nir la guerre) » est une preuve d’intelligence définitive. Force est de constater que le quidam facilement assimilé à un dégénéré roulant et odorant, à un trisomique de l’esthétisme mécanique, à un caractériel du barbouillage névrotique, est assez malin pour être invité aux gros-seins-mous-show-mouillés de ses amis biquets (voir famille n°1), auxquels, je le rappelle, nous ne sommes, mille fois hélas, pas admis.
Reconnaissable facilement à son casque emprunté aux fantassins de la wehrmacht et judicieusement orné de cornes de caribou aux vertus peu aérodynamiques, le Rat-Rider se nourrit exclusivement de bière de basse qualité, les auto-collants «Valstar » apposés sur ses oripeaux en constituant une preuve irréfutable, et dort à même le sol, une fois rassasié, bercé par la mélopée d’un groupe rock local massacrant avec une application inlassable les morceaux les plus célèbres de Lynyrd Skynyrd.
Le Rat Rider exerce souvent un métier pénible, voire du rail.(…) et il ne vaut mieux pas faire pipi soi même sur son ravelin, le risque d’une réflexion fort désobligeante n’étant pas à exclure.
La prochaine fois, on verra. S'huitre >>
Bonduel
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