Le motard-routard
Le motard-routard est une espèce en voie de disparition. Après s'être fortement reproduit dans les années 70-80, ce néo baba tendance écolo-campagnard portait un amour immodéré à l’art gothique, c’est à dire aux flat twins munichois hors d'âge. Autant pour la fiabilité de machine agricole de l’engin, que pour le look austère et sans fioritures, signe évident d'un rejet catégorique de la société de moutons-consommation.
Il écumait les concentres hivernales car il aimait planter sa tente dans la gadoue et dormir dans une forte odeur d'humidité, de sueur, de chaussettes et de limaces mélangées. A peine son casque retiré, il arborait un bob couvert de médailles décernées lors de précédentes concentres comme autant de décorations pour actes de bravoure et kilomètres effectués dans la tourmente.
De culture gros rouge-saussison-claquos-Opinel, il n'avait pas son pareil pour allumer un feu de bois en milieu hostile (de nuit, sous la pluie, et sans bois). Ses ongles étaient noirs jusqu'aux environs des coudes et il était célibataire. Ce qui n'est peut être pas sans rapport. Il avait une haleine de fennec mâtinée sanglier des ardennes, ce qui ne devait pas être sans rapport non plus. Il fumait des cigarettes douteuses, finies à la bave, qui le faisait rigoler. De sa démarche gracieuse d’oran-outang en quête de bananes, il errait dans le campement à la recherche de quelque auditoire assez saoul pour s’infuser les récits enrichissants de sa tumultueuse vie d’australopithèque faiblement motorisé.
La moto était pour lui synonyme de lutte contre le grand Capital, celui qui spolie les masses travailleuses et populaires, d’engelures qu’il combattait à coup de marteau sur les doigts, et de rôts au saucisson à l’ail.
La prochaine fois, si vous le désirez, nous étudierons le «conso-motard». Suite >>
Bonduel
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