Vous avez vécu les jounées de la course quasiment en direct depuis le QG de Motorhino par les news du soir du Rhino. Quelques jours après l'arrivée, Kruel nous livre sa course, jour par jour, avec un peu plus de recul. Vous allez enfin connaître la VRAIE histoire de l'aventure du Rhino Blitz Racing Team au Dark Dog Moto Tour 2005 : "let's do the Pissing Dog !"
Klink
Les épisodes journaliers sur le DARK DOG vu de l’intérieur, intéresseront ou n’intéresseront pas les gens, mon seul but est de faire partager la manière dont je l’ai vu, bien sûr cela peut paraître un poil impudique, je pourrais construire des articles camouflant derrière mes états d’âme, mes faiblesses, mon orgueil… Il y a des journaux spécialisés pour cela, donc de ce fait, je ne perdrai pas mon temps à justifier des dires, je le raconte à ma façon, comme je le sents, dans un sens de partage.
REIMS VENDREDI 23 SEPTEMBRE CONTROLE TECHNIQUE
Le camion chargé nous approchons de la ville de REIMS avec en fond sonore le flash info indiquant que les Texans se barrent de la région car un cyclone est annoncé, et je me remémore l’image du cow boy courageux que je voyais à la télé quand j’avais pas école le lendemain, putain, tout fout le camp.
Mimile du Triton Club de France nous attend pour nous guider, on descend la meule pour réviser le truc avant le passage : on est dans un parc en centre ville, boisé, agréable si ce n’est cette ambiance de quinzaine commerciale. Des gens viennent nous saluer un esprit un peu famille avec deux anciens gendarmes en admiration devant la commando. On passe au contrôle, il est déjà tard et les commissaires ont l’air strict sur la sécurité, mais quand arrive la Norton, ils nous accueillent avec sympathie et un mec lance :
« Enfin une vraie classique !»
Nous passons le contrôle haut la main, alors que d’autres concurrents sont renvoyés pour moto non conforme. On se marre, surtout quand les mecs contrôlent le bruit du commando, je regarde le truc qui monte dans les décibels et le mec me regarde :
« Ca devrait aller »
On cause un peu des classiques, les Godier Genoud, trafiquées à mort, c’est normal ça ? Ils nous regardent en lançant :
« On dira rien là dessus » accompagné d’un sourire en coin .
Un des gars demande tout fort le kilométrage des machines et tout le monde y va de son couplet :
« 10500 », « 6800 », « 3200 » à mon tour je gueule tout fort : « 343000 !», et là je vois plein de têtes qui se retournent vers moi et un contrôleur gueuler :
« On reste sérieux ! »
Et de rétorquer :
« Je suis sérieux… » : Chet est plié de rire, on se casse mettre la moto en parc fermé.
Chose surprenante, les gens qui croisent la Norton la trouvent belle. Il faut avouer que l’on a longuement choisi la marque de bombe noir mat que l’on allait utiliser, AD, Mr bricolage ? Mais je ne suis pas dupe, je pense que cette moto fait l’effet de la prestation d’un groupe punk lors du concours de l’Eurovision. Je remarque la présence de concurrents avec des motos rutilantes qui viennent pour casser la baraque, je trouve que c’est bien et des fois je pousse même le vice à leurs poser des questions :
« C’est ton premier moto tour ? »
« Oui »
« Il y a longtemps que tu l’as, ta machine ? »
« Non, je l’ai acheté chez mon concessionnaire qui m’a fait une remise »
« Moi, à ta place, j’aurais mis un grand guidon »
Là, le mec, il te regarde : soit il te snobe, soit il l’a joue modeste et cherche à parler. Mais j’abrège les discutions padockiennes, because je suis très fatigué et il nous reste la toile de tente à monter et bouffer.
Chet, c’est le mec il connaît tous les restos de France, il regarde la carte et il te lance un « je me ferais bien un… ». Il tape surtout dans le local, des fois ça prend des plombes, des fois ça me gonfle, mais le principal est là, l’instant est convivial et comme on est à Reims, on est devant une coupe de champagne (je me ferais bien…). En rentrant du resto, on passe devant un hôtel en bordure de paddock, devant, le patron, un mec de 50 piges, coiffé comme M, une cravate ridicule, les deux mains dans les poches, une tronche, tu sens que son look, c’est pas un concept, c’est plutôt une fatalité. Une tronche quoi… pis voilà qu’il nous parle qu’autrefois y’avait que des bordels dans cette rue, l’histoire de Reims, le commerce kivamal,, bref, il nous trouve sympathique et on lui demande si il serait possible de viendre demain matin prendre un petit déjeuner ainsi qu’une douche. Le mec est d’arrangement, il est ok. J’avoue que le Dark Dog est fâché avec les douches : jamais de douches sur le paddock, pauvre gueux que nous sommes sans joli camping car avec les petits rideaux en dentelles !
Nous rentrons nous coucher en traversant le parc qui ressemble à un camp de légion romaine. Couché ne veut pas dire dormir : je ne dors qu’a peine 3 heures dans la nuit. Je suis beaucoup trop tendu, demain il faut que je fasse du sport… l’attente est terrible, j’ai beaucoup de doutes sur la machine, sur ma condition physique. Je démarre cette compétition, un peu comme un marathonien qui part avec un caillou dans sa godasse. C’est chiant, la position allongé augmente les angoisses avec un fond sonore les sirènes de flics, les bruits nocturnes de la ville, l’odeur de la tente et la fraîcheur de l’herbe*.
KRUEL
*NDKLINK : de l’herbe par terre
à suivre
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