CHARADE 2006 (Classic Circus 30 Avril – 1er mai 2006) (visiter le blog)
Au terme de 6 heures de route depuis ma Mayenne profonde, j’atteint enfin le relief semi-montagneux de Clermond-Ferrand. J’y retrouve avec moult plaisir les frères Collonge, Fred et Max du team Lavergnac, fous furieux de 750 SF, Freddy et son atypique Drixton, Phiphi le fieffé ducatiste bordelais qui empruntera un Laverda 750 GT pour l’occasion et surtout Monsieur Piero Laverda himself avec son ami Romano Mancini, grand collectionneur d’anglaises et nortoniste reconverti. Ils sont venus avec le 600 Formula TT2 et un 750 SF de toute beauté. Je ne suis pas un adorateur extatique, je ne développe pas particulièrement le culte de la personnalité mais c’est tout de même un rare plaisir que de partager quelques journées et soirées en compagnie d’un des concepteurs des motos qu’on affectionne. Inutile de préciser que ces moments sont chargés d’émotion et d’anecdotes multiples à l’accent et au charme italiens.
L’essai de la 500 du Moto Tour par Piero Laverda est un grand moment de plaisir pour moi. J’ai eu beaucoup de mal à la mettre en route tout au long de ce WE mais quand Piero s’assoit dessus, ouvre le starter et presse le bouton, ça chante illico presto. Il me regarde, me tapote sur le bras : « Tu sais Hugo, elle a juste reconnu quelqu’un de la famille… Normal… ». Amusant ! Il écoute le moteur, me regarde : « Petit problème soupape avant gauche, trop de jeu, pas grave… Petit problème échappement gauche, ne doit pas être grave… ok, je fais un tour et je reviens. » Il part donc et je retourne au paddock. Lorsqu’il revient, il m’interpelle (avec l’accent ƒº) : « Hugo, viens… Tu as petit problème colonne de direction. Il faut resserrer. Et je crois, pour toi, c’est mieux de mettre un amortisseur de direction. Amortisseurs arrières, pas bon, à changer. Il serait bien de changer les échappements mais peut-être tu ne peux pas avec le règlement du Moto Tour, mais les gaz sortiraient mieux et le moteur chaufferait moins. Toujours surveiller le niveau de l’huile, mettre même un petit plus, disons 1mm de plus que le niveau maximum. Problème carburateur, elle s’engorge à bas régime, elle doit accélérer plus. Il faut regarder la taille des gicleurs ou le niveau du flotteur, trop d’essence. Pas grave. Mais tu verras, c’est une bonne moto, facile à prendre en main, elle pardonne beaucoup d’erreurs, très légère, très fluide, tu vas bien t’amuser ». Là dessus, il me parle du Tour de France moto, de Fougeray et du 500 en général, le moteur qui sert de base aux Zané. C’est que du bonheur à écouter. Respect.
Toute première fois :
Il est neuf heures du matin, ça caille sévère dans ce pays de sauvages. Je suis sur le 500 pour la première fois… Et sur le circuit de Charade pour la première fois aussi. Ce sont vraiment mes premiers tours de roues avec cette machine censée me faire parcourir 3000 bornes à travers les routes de France. Série jaune au départ. Ca y est, je pars rouler… Ca démarre mollement mais avec un joli bruit délivré par les deux Lafranconi. Je roule cool, j’ai froid comme mes pneus et je ne connais ni la machine ni le circuit. Premier virage en sortie des stands, grand gauche large et dégagé, rien de spécial. C’est vraie que la moto à l’air très légère, je me trouve assis trop haut et trop ferme, les pieds trop en avant… En un mot, pas vraiment à l’aise. En bout de ligne droite, c’est le premier droit serré qui m’attend… Gnéééé, ON PLOOONGE !!! C’EST QUOI CE TRUC ???!!! Où qu’il est mon 750 ? J’veux mon 750 ! C’est mille fois trop léger pour mes 100 kilos de barbaque… Je fais le reste du tour très très très prudemment… Sur des œufs le Hugo, sur des œufs… En tout cas, je suis stupéfait par la puissance des freins… Le double Brembo à l’avant, ouaaaah !!!
Second tour, me disant que les pneus doivent commencer à chauffer gentiment, je dois pouvoir accélérer un brin. Eh bien, ça ne tire pas !.. Piero a mille fois raison, la moto s’engorge et n’accélère que si je grimpe dans les tours. En deçà de 4500-5000 tours, c’est tout creux… Pas normal. En tout cas, je profite du second passage pour admirer ce circuit. Il est magnifique, en pleine nature, du relief, des courbes, des grimpettes, de bonnes lignes droites et des séries de pif-paf sympathiques. Je n’ai pas le sentiment qu’il soit trop rapide ou trop technique, juste bien pour se faire plaisir. La visibilité pour les spectateurs comme pour les pilotes est excellente. Charade, c’est que du bonheur (mais je me répète).
3ème tour : Finalement, ça ne va pas si mal… Allez je le dis, je m’amuse bien. Je déboule à 120 avant les « Jumeaux », gratte un TZ en sortie qui a loupé son changement de vitesse et m’attaque au Drixton de l’ami Freddy. J’ai le sourire jusqu’aux oreilles quand je lui fais l’extérieur… Je n’ai aucun mérite pourtant, il a aussi des problèmes de boite de vitesse mais je m’en fiche, JE T’AI GRATTE FREDDY !!! DU HAUT DE MES 34 CHEVAUX !!! Bon, ce sera la seule et unique fois… Après disons plutôt que j’entendrais soudain BRROAAAR à grauche, BRROAAAR à droite, BRRRRROOOAAAAR, ah bah tiens voilà Freddy qui passe !… C’est bon pour le moral… Les virages de « la Ferme » et du « Thèdes » s’enquillent pleine bourre avant de freiner pour replonger dans la ligne droite devant les stands. Je suis vraiment très surpris par ces freins, rien à voir avec les tambours Grimeca du 750. Puissant !
4ème tour : 130 en bout de ligne droite, et je ne ferais pas mieux de la journée… Et comme je n’ai pas envie de flanquer la moto par terre, je prends juste le temps de m’amuser, du plaisir et c’est tout.
Je sors du circuit, Romano vient me voir : « Aloré Hougo, come va ? Va béné la Cinqué cento ? ». « Va béné Romano, va béné… ». Et c’est vrai, j’en suis globalement satisfait, c’est un vrai jouet. Même si on ne peut avoir aucune prétention au DDMT, avec 34 CV de 1982 face aux GSXR de la catégorie moderne. Aucune chance. Le vrai défi est ailleurs.
Toute seconde fois (essai routier) :
Les premiers 100 km au guidon du petit 500 me promettent plein de soucis pour le DDMT. Rien de grave, juste de quoi occuper Chet et Tony le soir. Sur route, le 500 s’avère vraiment très insuffisant pour mon poids. Il est bien à 90 – 100 km/h. Au delà, j’ai l’impression de lui tirer sur la couenne. M’enfin… Le bruit des Lafranconi est un vrai enchantement pour des trucs homologués (La Cane, si tu me lis… formidaaaable !). La course de la poignée d’accélération est trop longue, je dois m’y reprendre à deux fois ou carrément me casser le poignet pour espérer dépasser le 110. J’avais pourtant pas noté ce détail sur le circuit. A revoir. Par contre, je suis moins indisposé par le manque de reprise ou d’accélération. Forcément, puisqu’on sollicite moins la machine en routier qu’en spéciale ou en circuit. Mais du coup, je me demande s’il est bien nécessaire d’aller tripatouiller la carburation… L’embrayage est d’une vraie douceur… Suis-je bien sur une Laverda ? Le rétro, moche mais paraît-il obligatoire, vole au vent. Traduction : au-delà d’une certaine vitesse, il se rabat sur moi. J’ai beau le resserrer, rien à faire. A virer donc. Klaxon, clignotants et contacteur de frein arrière fonctionnent. Ca me fait tout drôle de jouer avec ces trucs. C’est marrant, j’ai pas l’habitude d’avoir autant de boutons sur les commodos. Je perds dix bonnes minutes à essayer de comprendre comment fonctionnent la veilleuse, le code et plein phare. C’est un vrai bordel mais je finis par piger les combinaisons, les positions des deux boutons de commande. N’empêche que je vais sans doute me coller un post-it quelque part. Kilomètre 68, je perds les boulons fixant le collecteur gauche. Qui m’a dit que le 500 ne vibrait pas ? C’est du 7 donc j’en ai pas sous la main, tant pis, ça n’empêche pas de rouler. On verra ce qui traîne dans ma boite à outils plus tard. J’en profite pour faire un rapide tour de la machine avant de repartir… et note que les silent-bloc des pots d’échappement se sont pétés tous les deux… Je souris, ça me rappelle des choses déjà vécues avec le SF. Pas grave. J’ai plein d’huile sur le carter gauche, ça fait joli. J’aime ce côté viril sur une moto, mais bon, on va quand même y regarder. J’entrevois rapidement un problème plus inquiétant avec la boite de vitesse. Rétrograder de la troisième en seconde ne se fait qu’à grands coups de latte. Sur le 750, j’ai l’habitude. Sur le 500, non c’est pas normal. A voir d’urgence. Ressort de sélection ? L’excentrique qui aurait bougé, bien que j’ignore même s’il y a une excentrique sur cette boite ? A la réflexion, je me dis qu’on avait rempli d’huile de synthèse. Peut-être que cela ne convient pas, peut-être qu’on en a consommé un poil sur le circuit et que le niveau est tout simplement trop bas… Faut voir…
Voici donc le premier jet de cette bien modeste monture.
Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs croyez moi tous en cœur : Faire le DDMT avec cette gazelle sera une véritable aventure et le simple fait de rallier Toulon, une véritable victoire. On va bien se marrer (sauf Chet et Tony) !
par Hugo Dumoulin Berger à le Mans
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