le motard intégriste.
Le motard intégriste possède une moto à diffusion ultra-confidentielle, surtout pas japonaise.
Elle doit posséder une liste conséquente de défauts et faire preuve d'une fiabilité plus que douteuse. Expert en mécanique, il qualifiera les autres machines de "merdes" ; terme technique très précis qui signifie, dans le domaine des forces, des contraintes et de la dispersion calorifique, que c'est moins bien.
L'intégriste n'est pas très propre, rarement de bonne humeur et d'un abord délicat, rapport à la fiabilité. C'est un motard pur et dur, qui roulerait bien l'hiver aussi, si sa moto était réparée, s'il avait des sous et si les pièces n'étaient pas introuvables. Il possède donc aussi une vieille BX. Les entrailles du moteur de la chose motocyclette sont élégamment disposées sur la table de télévision, dans son salon, à côté du transistor à galène et tu pourras poser toutes les questions dont les réponses ne t’intéressent pas lorsqu'il t'invite à boire un Ricoré dans un verre bien culotté, afin de t’expliquer les avantages de la magnéto sur l’alternateur lorsque la culbute des soupapes est latéralisée. Il a des caisses de vieux boulons rouillés et il pourra te dépanner si tu n’as besoin de rien, à condition que tu reprennes un autre Ricoré, qui n'est pas bon.
Si, en revenant du cap nord en plein hiver sur ta 125 GN, tu le croises dans sa BX, tu resteras à ses yeux un cyclo-touriste néophyte, voire une tortue Ninja (tortue pour la vitesse, ninja pour le côté japonais), puisqu’il ne respecte que les vrais motards, BX acceptée.
Quand il sort de sa tanière, c’est pour s'épanouir au milieu de cartons de vieux clignotants cassés et autres morceaux de carburateurs sulfatés. Il est très amateur de bourses et aime à titiller sa cuve, ce qui n'a rien à voir avec sa sexualité, qui elle même n’a rien à voir avec personne. Les motos actuelles sont pour lui des gadgets tout droit sortis d'un dessin animé japonais du club Dorothée, mais comme il n’a pas la télé, rapport au moteur, il ne sait pas qui c’est. Contractant une aversion farouche envers la production asiatique, il passe paradoxalement son temps à "chiner" et prétend que son moteur, quand il marche, à de la « niak ». Une fois par an, il se rend à la réunion du club « Les vieilles belles bielles en veille » ou on lui remet une bière, un sandwich mou et un écusson. Pour lui, le progrès c’était mieux avant et la nostalgie n’est plus que qu’elle était.
La prochaine fois, si vous le désirez, nous étudierons le « Rat-Rider ». Suite >>
Bonduel
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